Contemporary Dynamics of the Bou Kounta Qadiri Community
By Maria Grosz-Ngaté
20150617_AmouKounta
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Entretien : Amou Kounta, Ndiassane, le 17 Juin 2015
00:06 : Daouda Faye (DF) : On a le plaisir de recevoir aujourd'hui le chef de village de Ndiassane pour discuter de la dynamique actuelle de la Tarikha Kountiyou. Bonjour Monsieur!
00:20 : Bonjour!
02:23 : DF : Est-ce que vous pouvez vous présenter?
02:25 : Je suis Amou Kounta, le chef de village de Ndiassane.
00:35 : DF : Est-ce que vous pouvez nous parler de votre place dans la famille?
C'est le Marabout qui m'a nommé chef de village. Je peux dire que ce que je sais à Ndiassane beaucoup de gens ne le savent pas. Je suis né et j'ai grandi ici. J'ai 75 ans, je sais tout de la cité et des différentes maisons qui la composent. Je connais aussi les disciples.
01:03 : DF : Comment est-ce que vous avez été élu?
C'est le Marabout qui m'a désigné. Avant moi, c'était mon grand frère qui était le chef de village. Après sa mort, le khalife m'a choisi. Il y en a qui sont plus âgés que moi mais il a confiance en moi car il sait que je sais négocier et échanger avec les gens. Je ne suis jamais en colère, je peux donc discuter avec n'importe qui, je ne me mêle pas de ce qui ne me regarde. S'il y a des gens qui se disputent, quand ils viennent vers moi, je peux régler leurs différends et même leur offrir de l'argent parfois. Quand on dirige on doit avoir un grand cœur.
01:47 : DF : Quelles sont les critères à remplir pour être un chef de village?
Un chef de village, par exemple, doit être quelqu'un qui n'a jamais fait la prison. Il faut donc avoir un casier judiciaire vierge et j'avais tous ces papiers.
02: 17 : DF : Quelles sont les responsabilités d'un chef de village?
Ma responsabilité est de faire ce que j'ai à faire, être en paix avec les gens. S'il y en a qui se disputent, je les appelle pour les réconcilier. Voilà les responsabilités d'un chef de village, selon moi parce que si cela ne dépendait que de moi les gens vivraient en paix. Ce que je ne peux ne pas arranger c'est une bataille avec une arme blanche. Dans ce cas-là, je laisse la gendarmerie s'en occuper.
03:12 : DF : Quel rapport entretenez-vous avec les guides religieux?
Quel chef religieux ?
03:17 : DF : Par exemple Mame Bou, en tant que chef de village, quel rapport entretenez-vous avec lui?
On a des rapports de paix. A chaque fois qu'il a besoin de moi, je vais le voir et je fais tout ce qu'il me demande de faire. De la même façon, si je vois quelque chose que je ne comprends pas, je vais le voir pour qu'il m'explique car c'est mon grand frère et c'est lui qui m'a nommé à ce poste. Je ne peux pas être au-dessus de lui. Quand il y a quelque chose qui me dépasse, je me confie à lui, sauf en cas d'usage d'arme blanche. Dans un tel cas je vais directement à la gendarmerie.
03:58 : DF : Est-ce à dire que vous vous partagez les pouvoirs ou vous prenez vos propres décisions sans le consulter?
Non, je le consulte à chaque fois. Je n'ai aucun pouvoir, je lui laisse tous les pouvoirs. Il y a certaines choses qui doivent passer par moi, ils passent d'abord par lui.
04:25 : DF : Donc vous ne pouvez pas prendre aucune décision sans consulter le khalife?
Parfois il arrive que je prenne des décisions sans le consulter mais sur d'autres, il faut que je le consulte.
04:43 : DF : Est-ce qu'il peut aussi prendre des décisions sans vous consulter?
Evidemment, il peut prendre des décisions sans me consulter.
04:55 : DF : Quel rôle jouez-vous lors des gamous ?
Les jours de gamou, j'accueille les invités et je m'occupe d'eux. S'ils doivent se rendre à la tente, j'appelle les gendarmes pour qu'ils nous escortent. A la fin du gamou je rentre chez moi parce que quand on a des invités on ne peut pas assister au récital du Coran qu'on fait la nuit. Je vais à la réception pour y accompagner les invités et on s'occupe d'eux car un invité est toujours roi.
05:44 : DF : Y a-t-il un changement que vous avez remarqué à Ndiassane?
Depuis l'arrivée de ce khalife, il y a eu beaucoup de changements.
05:57 : DF : Qui?
El Hadji Mame! Baye Sidy Lamine l'a précédé, avant Cheikh Bécaye et je n'étais pas encore né. Quand ils étaient là, c'était un petit village. Quand Baye Sidy Lamine est venu, il a construit cet étage. Le père d'El Hadji Mame, qui est présentement Khalife, a loti la cité et est décédé deux ans après. Baye Sidy Yakhya est venu et a régné pendant 19 ans et est décédé. Baye Bou est venu et a fait 18 ans. C'est ainsi qu'est venu El Hadji Mame. Mais dans tout cela, les changements personne parmi ses pères n'a fait autant que les changements qu'El Hadji Mame a opérés. Et je suis convaincu que s'il reste ici plus longtemps, le village ne cessera de se développer. Il est le propriétaire de Ndiassane mais je connais Ndiassane mieux que lui pour affirmer qu'il a fait des choses que personne d'autre n'a jamais faites.
07:10 : DF : Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple?
Par exemple rien ne manque. Il aide les gens, les lampadaires sont installés, il y a aussi le solaire, et tout cela n'existaient pas avant. La grande maison est déjà construite et la grande mosquée est en construction. Le mausolée est en train d'être construit, et tout ça c'est pendant son khalifat.
07:43 : DF : De quoi a besoin Ndiassane en tant que village?
Ndiassane a besoin d'emplois pour ses jeunes. On a aussi besoin de forages, tous ceux qui peuvent nous aider à se développer sont les bienvenus. Mais je reste convaincu que si on avait des forages les gens allaient beaucoup travailler. Les lacs étaient là et coulaient jusqu'à Mbaba, et on cultivait du riz, de la patate et tout. Maintenant cela ne peut plus se faire. Si on pouvait nous aider à avoir de l'eau, cela nous serait d'un grand apport et je pense que c'est ce dont le village à le plus besoin. Mieux vaut enseigner aux gens à pêcher que de vouloir toujours leur offrir du poisson.
09:10 : DF : On voit que lors des gamous le gouvernement envoie des gens pour le représenter ici, pourquoi cela?
09:21 : Je pense qu'ils viennent ici pour rendre hommage au khalife et ensuite lui transmettre les salutations du Président de la République. Ces gens-là aussi viennent au nom du Président de la République.
09:47 : DF : Donc est-ce que l'aide est obligatoire ou pas?
Ils nous aident toujours, depuis le temps d'Abdoulaye Wade jusqu'à nos jours.
09:50 : DF : Donc c'est devenu une obligation?
Non ce n'est pas une obligation parce que ce n'est pas quelque chose qu'ils sont tenus de faire, par la force. C'est juste de l'aide, et nous les en remercions beaucoup.
10:15 : DF : Vous aident-ils dans d'autres secteurs?
A part l'aide concernant les vivres, je ne vois pas d'autres aides de la part du gouvernement.
10:25 : DF : Vous aident-ils précisément dans d'autres secteurs, à part les gamous ?
Ils nous aident à bâtir le village parce qu'ils sont en train de reconstruire la maison de Mame Bou. Ils sont en train de continuer les travaux du daara. On peut dire qu'ils nous assistent dans tous les secteurs. Ils ne peuvent pas tout faire parce qu'il n y a pas seulement que Ndiassane au Sénégal.
11:10 : DF : Qu'est-ce que vous souhaitez pour vous personnellement?
En tant que père de famille, je voudrais une maison bien construite pour que ma famille puisse y vivre à l'aise. Celle-ci est bonne mais je voudrais une autre de bien meilleure. Je souhaite aussi avoir toujours suffisamment d'argent afin de pouvoir m'acquitter convenablement de la dépense quotidienne parce que nos familles sont primordiales. Qu'on puisse les nourrir et ainsi que tous les autres est tout à fait normal.
11:45 : DF : Maintenant que souhaitez-vous pour vos enfants?
Je ne leur souhaite que la paix et la santé, qu'ils se débrouillent. Celles qui sont mariées, je leur souhaite un bon ménage et une entente parfaite avec leur mari. Ceux qui étudient, je leur souhaite beaucoup de succès.
12:15 : DF : Quel est votre mot de la fin?
Je souhaite qu'on aide le village à se développer, pas seulement mon développement personnel mais celui de toute la localité.
12:38 : DF : Nous vous remercions.
Je vous remercie également.
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Courtesy of Maria Grosz-Ngaté
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Continuity And ChangeCreator: Kounta, Amou
Daouda Faye
Daouda Faye
Contributing Institutions: Maria Grosz-Ngate; MATRIX: Center for Digital Humanities and Social Sciences at Michigan State University
Contributor: Gana Ndiaye
Description: Mr. Amou Kounta, who has lived in Ndiassane all his life, was appointed by the khalif to succeed his elder brother as village chief. He describes his responsibilities and how his role intersects with those of the religious authorities. He concludes by summarizing changes that have taken place in Ndiassane, emphasizing the role that Khalif El Hadji Mame Bou Mamadou has played, needs that remain to be addressed, and his wishes for his family and for the community.
Interview conducted in Wolof by Daouda Faye. Translated into French by Gana Ndiaye.
Date: June 17, 2015
Date Range: 2010-2019
Location: Ndiassane, Thies, Senegal
Format: Audio/mp3
Language: Wolof
Rights Management: For educational use only.
Digitizer: Maria Grosz-Ngaté