Contemporary Dynamics of the Bou Kounta Qadiri Community
By Maria Grosz-Ngaté
Interview Pape Malick Béye
Audio File:
Download File: Download
Download File: Download
Translation:
Open/Close
Entretien : Pape Malick Béye, Ndiassane, le 5 Janvier 2007
00:00: Madame Toba Diagne Haidara (TDH): Quelles sont les circonstances qui vous ont conduits à diriger l'école coranique de Ndiassane?
Nous vous saluons à notre tour et nous nous réjouissions de l'initiative que vous avez pris de faire des recherches en vue de faire connaitre aux gens quelque chose qui pourrait leur être utile. Ceci d'autant plus que tout reste dans le cadre de l'Islam.
Grâce à Dieu, nous avons plusieurs écoles coraniques ici. L'école coranique que le khalife tenait reste ouverte et c'est moi qui en suis le maître en ce moment. Nous avons quatre écoles coraniques. J'en dirige une. Cheikh Bécaye Fall et Cheikh Sidy Cissé ont chacun leur école coranique. Serigne Sidy Bamba aussi gère une grande école coranique chez lui. Dans chaque école coranique on trouve des Sénégalais et des étrangers. Il y des enfants qui sont originaires de Ndiassane mais il y en a aussi qui proviennent des villages voisins. Certains de nos élèves viennent du Mali, de la Guinée et d'autres pays. Ces enfants ont été confiés aux responsables religieux qui sont ici et particulièrement au khalife et ces derniers les inscrivent à l'école coranique.
03:30: TDH : Est-ce que l'enseignement dispensé à l'école coranique aujourd'hui est pareil à celui qui y fut dispensé aux temps des anciens?
L'enseignement est resté pratiquement le même. Il y en qui allument des feux de bois jusqu'à présent mais certains aussi utilisent des lampes électriques. Voilà le seul changement que je peux noter sinon il n'y a pas eu de changement au niveau de l'enseignement. Nous utilisons toujours les mêmes tableaux (àlluwas) que l'on utilise d'habitude pour écrire le Coran. C'est ce que l'on utilise pour écrire et les élèves nettoient l'encre (daa) avec de l'eau une fois qu'ils l'aient maîtrisés le texte à apprendre.
L'enseignement coranique n'est pas facile à changer parce que quand on l'apprend on ne le mélange avec rien d'autre. Tu ne peux pas le mélanger avec autre chose. Pour bien le maîtriser, il faut lui consacrer tout le temps nécessaire. La majeure partie des écoles coraniques qui se trouvent ici utilisent le feu de bois pour s'éclairer. Les élèves partent en chercher et c'est à l'aide du feu que nous faisons, que les enfants s'éclairent la nuit et à l'aube pour lire. La journée ils s'abritent sous leurs cases où maisons pour ceux qui en ont une.
04:29: TDH : Quelle méthode d'enseignement coranique est utilisé à l'école coranique? Est-ce que les enfants apprennent juste pour connaître et pouvoir réciter le Coran par cœur? Ou est-ce qu'ils apprennent pour connaitre le contenu du livre?
La méthode d'enseignement reste la même. On commence par apprendre aux élèves l'alphabet et c'est après qu'ils aient bien maîtrisés cela qu'ils commencent à combiner les lettres. Et en même temps que l'élève apprend à combiner les lettres, on lui donne de petits versets à apprendre. A ce niveau le maître coranique met le doigt sur les versets et demande à l'élève de les lire, et c'est quand le maître coranique s'aperçoit que l'élève a une maitrise parfaite des lettres et versets qui lui sont donnés qu'il le laisse réciter. Au terme de ce processus, l'élève est en mesure de lire tout sur ce qu'il pose le doigt.
05:39: TDH : Donc nous pouvons dire que toutes les écoles coraniques de Ndiassane apprennent aux enfants à comprendre, à pouvoir réciter le Coran par cœur et à pouvoir l'écrire?
Effectivement, les élèves sont formés de sorte qu'ils puissent mettre le doigt sur n'importe quel mot, verset et les lire sans aucune difficulté.
05:50: TDH : Quelle relation avez-vous avec Ndiassane qui vous permet de diriger l'école coranique?
C'est du temps de Cheikh Ibrahima Diop, le maître coranique de Ndiassane durant le règne de Cheikh Al Bécaye, que mon sort fut décidé. J'habitais à cette époque dans le quartier Parba de Tivaouane. Je suis originaire de cette localité. Il paraît que quand j'étais enfant (on venait de me sevrer à cette époque) quand ma grande mère maternelle dit que je n'allais pas fréquenter l'école française parce que la personne qui enseignait le Coran à Ndiassane était mon grand-père et qu'elle allait m'amener là-bas. Ainsi je fus amené à Ndiassane après que je fus sevré et je suis resté à Ndiassane auprès de ma tante paternelle qui vivait avec son père. Ce dernier l'avait amené à Ndiassane. J'allais à l'école coranique quand je vivais avec ma tante paternelle et plus tard, après que j'ai maîtrisé ce que j'apprenais, on m'amena à l'école coranique de Cheikh Birane Diop.
Je restais auprès de lui jusqu'à ce que j'eus maîtrisé ce que j'apprenais. C'est à ce moment que j'ai commencé à apprendre la connaissance (xam xam) auprès des savants (borom xam xam) qui vivaient à cette époque. L'un d'eux s'appelait Mame Bou Kounta. A chaque fois que j'entendais parler d'un savant je faisais des recherches sur lui et lisais ses écrits. A cette époque on avait les écoles coraniques, je faisais du majaalis1. C'est de cette manière que j'ai procédé jusqu'à ce que Cheikh Bou Mohammed, le Khalife qui vient de nous quitter, devienne Khalife. C'est à la mort de Serigne Sidy Yakhya que Cheikh Bou Mohammed me dit qu'il voulait que je prenne en charge l'école coranique qui se trouvait dans sa maison comme j'avais maîtrisé l'enseignement coranique et que les recherches que je menais sur les savants et leurs écrits étaient poussés.
Il me dit qu'ainsi tout élève qui venait à Ndiassane et ses enfants aussi pouvaient apprendre le Coran auprès de moi. C'est ainsi que j'ai commencé à apprendre le Coran aux enfants mais j'ai reçu ma formation religieuse coranique à l'école de Serigne Ibrahima Diop plus connu sous le nom de Serigne Birane Diop. Il y avait d'autres écoles coraniques ici à cette époque: celle de Cheikh Bécaye Samaké, celle de Keitou Cissé et celle de Sylla. Elles existaient toutes du temps de Cheikh Al Bécaye.
Cheikh Bou avait formé son fils Abdourahmane afin que ce dernier puisse gérer l'école coranique. Il paraît que vous pouvez trouver à l'IFAN des photos où il est entouré de ses élèves couverts et bien habillés. Il paraît que c'est la première école coranique de Ndiassane quand le village n'était pas très peuplé.
A la mort de Cheikh Bou, Cheikh Al Bécaye renforça toutes ces écoles coraniques. Ce sont les quatre écoles dont je parlais tout à l'heure. Elles sont indépendamment gérées.
09:57: TDH : Combien d'élèves avez-vous dans l'école coranique?
Il y a 95 élèves dans l'école coranique.
10 :00 : TDH : Est-ce que c'est le même nombre que l'on trouve dans les autres écoles coraniques?
Oui, l'école de Sidy Cissé a plus d'élèves que la mienne. Je ne connais pas le nombre d'élèves qu'il a mais il en a plus de cent. Celle de Sidy Bamba aussi regroupe plus de cent élèves. C'est celle de Bécaye Fall qui semble avoir moins d'élèves que la mienne.
10:20: TDH : J'ai vu que vous êtes en train de construire un institut et j'aimerais connaître la raison. Y a t-il une différence entre l'enseignement dispensé à l'institut et celui que vous dispensez à l'école coranique?
Comme je disais tout à l'heure quand on apprend le Coran, il faut apprendre rien que cela si l'on veut bien maîtriser la chose. C'est seulement après qu'on ait maîtrisé la matière que l'on peut en rajouter. Sans cela, il devient difficile de comprendre le Coran. L'institut a été ouvert au cours de l'année 2000. C'est un libanais Abdoul Mouzaaid, ami de Cheikh Bou Mohamed, qui l'a financé. Quand le khalife apprit qu'Abdoul Mouzaaid allait construire des écoles au Sénégal, il fit savoir à ce dernier qu'il aimerait qu'une école soit construite à Ndiassane afin que ceux qui achèvent les études coraniques puissent continuer l'éducation religieuse à l'institut. Ainsi les élèves pourraient apprendre l'arabe, le Coran, les hadiths du Prophète Mohammed (psl), des tarikhs à l'institut et les cours seront dispensés en français. Voilà ce que différencie l'institut de l'école coranique où l'on apprend que le Coran.
12:09: TDH : Mais il y a des parents qui choisissent d'amener leurs enfants directement à l'institut?
Effectivement, certains parents préfèrent amener leurs enfants directement à l'institut quand ce dernier atteint l'âge de sept ans. Mais comme la tradition est l'école coranique, ses enfants viennent à l'école coranique quand l'institut est en vacances.
12:37: TDH : Est-ce que la personne qui a déjà appris le Coran à l'école coranique va apprendre quelque chose de nouveau si elle part à l'institut après avoir appris le Coran auprès de vous ?
L'institut permet à la personne, qui a appris le Coran mais ne connait pas les pratiques religieuses, ne sait pas comment prier, comment jeûner, comment faire le pèlerinage à la Mecque, de connaître comment bien mener sa vie de croyant.
13:14: TDH : Le vieux me disait que si la personne voulait connaître le Coran seulement, elle devait aller à Tivaouane, et que si elle voulait être un savant, elle devait se rendre à Ndiassane.
C'est juste une manière de parler parce que les Aliwou Kountiwou sont très forts en ce qui concerne la sagesse. Cheikh Sidy Mokhtar a écrit des poèmes à ce propos mais Dieu leur a gratifié d'une maîtrise parfaite des sciences occultes. Tout le monde sait qu'ils ont une plus grande maîtrise des sciences ésotériques. Beaucoup d'hommes de Dieu ont fait ce témoignage à leur égard et beaucoup de savants aussi viennent demander des prières auprès d'eux espérant que la grâce qu'ils ont héritée de leurs grands-pères et du Prophète Mohammed (psl) les touche aussi.
C'est parce que tout le monde connait leur expertise en ce qui concerne les sciences occultes et qu'ils sont liés au Prophète Mohammed que l'on dit que les sciences occultes sont leur spécialité. Même les maures dissent que les Al Kountiwou maîtrisent les sciences occultes authentiques.
14:48: TDH : Donc nous pouvons dire qu'il est possible de trouver des HaafiZul Qur'an2 ici à Ndiassane?
Oui, on y trouve plusieurs.
Deuxième Piste
00:00: TDH : Depuis quelle année dirigez-vous cette école coranique? Nous aimerions savoir aussi la manière dont vous vous organisez et vivez dans cette école?
Je gère l'école coranique depuis 1999. J'enseigne et j'éduque les enfants. Chaque jour, ils étudient de l'aube jusqu'à ce que le soleil commence à chauffer et rentrent. Notre journée commence à 6 heures juste après la première prière de l'aube.
Certains enfants sont des disciples et des fils du khalife, et ils vivent chez lui. Il y en d'autres qui vivent chez eux avec leurs parents qui, chaque jour, les réveillent pour qu'ils viennent à l'école.
L'après-midi, on commence après la prière de la première moitié de l'après-midi (tisbaar) et on étudie jusqu'à la prière de la fin de l'après-midi entre 16 et 19h (takusaan). Le matin on étudie jusqu'entre 9 heures et 10 heures, et à ce moment que les enfants rentrent chez eux. Ceux qui vivent chez le khalife restent à la maison et durant l'hivernage, ils partent aux champs travailler.
Tout élève qui a quelque chose à faire s'en occupe à partir de ce moment, à la descente. Ils reviennent étudier après la prière du crépuscule (timiis) et restent à l'école jusqu'à la cinquième prière de la journée (gueewe). C'est à partir de ce moment que l'on allume le feu et c'est les enfants qui partent chercher le bois quand ils quittent l'école après la prière du takusaan.
L'école coranique regroupe des garçons et des filles.
02:48: TDH : Y a t-il une femme qui s'occupe des filles?
Non, je m'occupe de tout le monde. Mais comme les garçons sont séparés des filles, je prends la fille la plus âgée d'entre elles et je lui confie certaines responsabilités. Ainsi elle peut voir qui n'apprend pas, etc…
03: 08: TDH : Quelle est la durée de la formation coranique?
Tout dépend de l'âge. Certains y passent dix ans, d'autres prennent huit, d'autres sept ans. Quand ils finissent d'apprendre le Coran, ils le réapprennent. Quand les élèves étrangers (maliens ou guinéens) terminent leur formation, le khalife les retourne à leurs parents. Et la plupart d'entre eux ouvrent des écoles coraniques quand ils retournent chez eux et deviennent des maîtres coraniques à leur tour. Certains d'eux reviennent pour vivre ici à jamais.
04:25: TDH : Est-ce que les parents des enfants qui sont à l'école donnent une contribution financière?
Les parents des enfants qui viennent du Mali ou de la Guinée ne donnent pratiquement rien au khalife. C'est ce dernier qui les prend en charge. Vous savez quand on désire propager l'Islam, on est obligé de faire des sacrifices et de tolérer beaucoup de choses. La plupart de ces enfants viennent des familles démunies.
05: 06: TDH : Est-ce que vos élèves mendient?
Non. Depuis que j'enseigne ici, je n'ai jamais entendu dire qu'un élève de l'école coranique mendie. Ils vivent avec leurs parents et ceux dont les parents ne vivent pas ici sont pris en charge par le khalife. Aucun de nos élèves ne mendie pour manger ou avoir des habits à porter.
05:35: TDH : Est-ce qu'il y a des élèves qui fuient?
Je sais qu'il y en eut des cas mais c'est rare quand même. Aucun enfant n'a quitté l'école coranique depuis que je la dirige. S'il est arrivé c'est parce que l'enfant est mal éduquée et problématique. Comme les enfants ici ne sont soumis à des conditions de vie difficiles, il n'y a presque rien qui les encourage à fuir sauf dans les cas où l'enfant manque d'éducation. Les enfants ici sont pris en charge par le khalife, qui les nourrit et les habille. Et ils partagent les mêmes chambres avec ses enfants.
06:20: TDH : Combien d'enfants Kounta sont dans ton école?
Presque la moitié des enfants sont des Kountas. Ces derniers ne partent nulle part pour apprendre le Coran, ils le font ici.
06: 45: TDH : Est-ce qu'il y en qui partent continuer leurs études au Maroc, au Caire, quand ils ont fini d'étudier ici?
Cela arrive parfois aussi. Parfois le khalife demande des bourses au gouvernement et c'est ceux que l'on pense être les meilleurs qui partent à l'étranger.
07:03: TDH : C'est pour les enfants qui sortent de l'institut et pour ceux qui sortent de l'école coranique?
Non, ces bourses sont consacrées aux élèves de l'école coranique parce que l'institut a été créé il y a juste six ans, en 2000. Certains élèves ont quand même le certificat maintenant et cherchent le brevet.
07:19: TDH : Donc l'institut est une école primaire?
Oui, c'est une école primaire.
07:24: TDH : Et que fait l'élève qui termine le cycle primaire et souhaite poursuivre ses études ?
La plupart d'entre eux partent à Thiès où ailleurs. Mais cette année on a élevé l'institut d'un niveau de plus. Maintenant, ceux qui obtiennent le brevet peuvent rester ici et entamer le cycle secondaire. Nous avons augmenté une classe de sixième à l'institut cette année. Mais les premiers étaient obligés d'aller à Thiès, Louga, Saint Louis où ailleurs.
07:50: TDH : Je m'aperçois que vous avez quatre grandes écoles coraniques. Vous avez beaucoup d'élèves aussi. Mais j'ai remarqué aussi que les gens sont en train de ressusciter une pratique qui se faisait du temps de Cheikh Bou et qui consiste à envoyer leurs enfants en Mauritanie pour qu'ils soient formés là-bas. Y aurait-il une différence entre l'enseignement qu'ils reçoivent ici, et celui qui leur ait dispensé en Mauritanie ?
La personne s'attache toujours à sa tradition, et la leurs se trouve en Mauritanie. L'enseignement reçu en Mauritanie aussi bien que celui qui est dispensé ici sont très bons mais étudier en Mauritanie leur permet de bien connaître la langue et de pouvoir parler avec leurs parents et de garder leur tradition.
08:57: TDH : Mais ils ont pratiquement le même niveau de connaissance que les enfants qui restent ici quand ils reviennent?
Effectivement. Nous qui tenons les écoles coraniques ne sommes pas allés en Mauritanie ou au Maroc pour étudier. Et on est tout à fait à l'aise quand il s'agit de parler de la religion avec ceux qui ont fait des études à l'étranger. Nous n'avons aucun problème dû au fait que nous n'ayons pas étudié à l'étranger.
09:18: TDH : Est-ce que la communication entre eux et vous marchent bien à leur retour?
Ils ont de petites difficultés à s'intégrer juste les trois premières années. Au début l'influence de la culture arabe sur eux se fait sentir à travers leur habillement, manière de parler (l'accent arabe) et leurs difficultés de réintégration. Mais au bout d'une année, ils se réintègrent facilement.
09:40: TDH : Quelle est la longueur de leur séjour?
Certains y passent dix ans, certains huit, d'autres sept. Certains d'entre eux ne comprennent plus le Wolof à leur retour mais au bout d'une année, ils recommencent à parler la langue.
10:02: TDH : On m'a dit que Cheikh Bou envoyait ceux qui allaient étudier en Mauritanie chez Cheikh Sidiyya Baba. Est-ce qu'ils vont toujours là-bas?
Il y a plusieurs écoles où ils partent étudier maintenant. En fait les khalifes ont la tendance d'envoyer les enfants là où ils ont étudié eux-mêmes.
10:34: TDH : Quel rôle les élèves jouent-ils lors du gamou? Est-ce qu'il y une manifestation réservée aux élèves lors du gamou qui est le plus grand évènement religieux de l'année pour la confrérie?
Il n'y a de manifestation uniquement réservée aux élèves lors du gamou. Ils ont la même présence dans le gamou que les autres enfants qui viennent y prendre part.
11:21: TDH : Est-ce que vous organisez une fête quand un élève achève sa formation?
Oui, nous faisons une fête pour lui. Et si ses parents vivent loin d'ici, le khalife fait un sacrifice et toute l'école mange et boit. Après cela, le khalife prie pour lui, l'encourage et lui montre que lui même a subi la même formation. Le khalife demande à une personne de ramener les enfants qui n'habitent pas à Ndiassane chez leurs parents à la fin de leur formation. Une fois arrivés chez les parents de l'élève, le maître coranique demande à l'enfant de réciter le Coran devant ses parents et une fois cela fait, et que tous ensemble ils constatent que l'enfant a bien maîtrisé le Coran, le maître coranique salue les parents et prend congé d'eux.
12:16: TDH : J'ai remarqué qu'au Sénégal toutes les autres confréries célèbrent la naissance du Prophète Mohammed mais c'est son anniversaire que l'on fête à Ndiassane. Qu'est-ce qui explique cela?
C'est une tradition. En fait tout le monde célèbre la naissance du Prophète Mohammed. Cependant, d'aucuns célèbrent la naissance, d'autres le jour où il fut baptisé. Le prophète nous dit qu'il fêtait le jour où il fut baptisé, c'est à dire son anniversaire, donc il est toujours normal de fêter ce jour. Cela n'empêche pas que nous fêtions le jour de sa naissance aussi. En fait tout jour de l'année que l'on choisit pour fêter le Prophète est un bon jour parce qu'il ne s'agit pas de célébrer le Prophète seulement mais d'implorer sa bénédiction, de parler de son histoire, combat et autres afin que les gens les connaissent et s'en servent.
13:42: TDH : Parce que certaines personnes disent que c'est pour éviter qu'il y ait un embouteillage que Ndiassane préfère fêter le jour de son baptême parce que Tivaouane tient son gamou le jour de sa naissance.
C'est vrai. Il est de coutume que Ndiassane et Tivaouane fassent des choses de manière contraire. L'un fait ceci, l'autre fait autre chose. Ceci se reflète aussi dans le fait que Cheikh Bou ait plus de disciples à l'étranger qu'ici. Serigne Bachir Mbacke, fils de Serigne Touba, en parle dans son livre Minanou Bakhil Khadim. Dans ce livre il dit que quand Dieu a révélé Serigne Touba (Vous savez les hommes de Dieu n'aiment pas les compétitions), Cheikh Bou prit la décision de projeter sa lumière à l'étranger. Vous savez le comportement de la personne suffit parfois à dire et enseigner ce qu'elle ne dit pas. Cheikh Bou n'est jamais allé au Mali. Quand il a su que l'Islam se propageait ici, il demanda à Dieu de diriger son influence vers le Mali. Il n'envoya personne et ne s'est pas rendu là-bas non plus. Les animistes arrêtaient subitement leurs pratiques animistes disant qu'ils ne pouvaient plus dormir aussi parce que Cheikh Bou leur étaient apparu et leur avaient demandé de renoncer à ses pratiques, de venir le trouver à Ndiassane et de se convertir à l'Islam. C'est ainsi qu'ils sont venus le retrouver à Ndiassane. Dieu lui avait donné cela. Certaines personnes ont fait la guerre pour convertir des gens à l'Islam mais lui n'a même pas eu besoin de les rencontrer. Des Maliens et Guinéens sont venus se faire musulmans alors qu'ils étaient des animistes.
16:19: TDH : J'ai vu des textes écrits par Serigne Touba, des textes de Serigne El Hadji Malick Sy et d'autres guides religieux de Dakar ou du Sénégal de manière générale mais je n'ai pas encore vu des textes écrits par Cheikh Bou?
Moi aussi, j'ai fait la remarque mais c'est de cette manière que se conduisent les hommes de Dieu. Vous pouvez prendre les cas des sabbats, personne n'a plus d'influence qu'eux pourtant il est pratiquement impossible de voir un texte écrit par eux. Certains des érudits écrivent, d'autres ne le font pas et c'est d'après leur tempérament et habitude qu'ils éduquent tout le monde.
17: 24: TDH : Comme le khalife n'a pas écrit, j'aimerais savoir s'il y a un parmi ses enfants qui a écrit quelque chose. Y aurait-elle une littérature de la famille Kounta? Est-ce que certains des disciples ont écrit quelque chose?
Cela n'est pas impossible mais je n'ai pas encore vu de texte écrit par un membre de la famille. N'empêché que j'entends les disciples attribuer l'origine des certaines paroles et chansons aux guides religieux de Ndiassane.
18:10 : TDH : Ce sont des poèmes?
J'en entends parler mais je n'en ai pas vu encore.
~~~~~~~
1 Méthode d'apprentissage - généralement dans d'autres domaines différent du coran- dans laquelle les disciples ayant des niveaux variés s'assoient ou s'accroupissent devant le marabout-maitre pour prendre des leçons à tour de rôle.
2 Quelqu'un qui a mémorisé le Coran en entier
Translation: Download (144 KB)
Courtesy of Maria Grosz-Ngaté
Related Essay
Education And DevelopmentCreator: Béye, Pape Malick
Toba Diagne Haidara
Toba Diagne Haidara
Contributing Institutions: Maria Grosz-Ngate; MATRIX: Center for Digital Humanities and Social Sciences at Michigan State University
Contributor: Adrien Pouille; Moussa Thiao
Description: Mr. Pape Malick Béye directs one of the four Koranic schools in Ndiassane. Students are from Ndiassane, from nearby villages, and from neighboring countries. He notes that none of them beg. Mr. Béye discusses religious instruction in Ndiassane, his own background, and how he became a teacher. He also explains the difference between the Koranic schools of Ndiassane and a new religious institute established in 2000. Lastly, he offers his thoughts on the reasons for holding the major annual religious celebration (gàmmu) on the day when the Prophet was baptized rather than on his birthday, like the nearby Tidjani spiritual capital of Tivaouane.
Interview conducted in Wolof by Toba Diagne Haïdara. Translated into French by Adrien Pouille. Arabic verified and translated by Moussa Thiao.
Date: January 5, 2007
Location: Ndiassane, Thies, Senegal
Format: Audio/mp3
Language: Wolof
Rights Management: For educational use only.
Digitizer: Maria Grosz-Ngaté